dimanche 14 septembre 2014

SEQUENCE DEUX - ECRITURE ET REECRITURE : l'incipit de Mrs Dallowy, de Virginia Woolf

SEQUENCE DEUX – ECRITURE ET REECRITURES ROMANESQUE ET FILMIQUE  -
 L’incipit de Mrs Dalloway, de VIRGINIA WOOLF

Vous trouverez ci dessous le canevas de commentaire qui vous a été distribué en cours. 
Il n'y a là qu'une trame, à vous maintenant de vous emparer de cet outil d'analyse pour investir le texte et poursuivre le travail...
Concrètement, vous devez chercher dans le texte ce qui permettra de démontrer la validité des hypothèses de lecture proposées.
Vous devez donc chercher des exemples et les expliquer, en mettant en évidence les "outils" littéraires que Virginia Woolf met en oeuvre.
Au travail...


PRESENTATION DE L'INCIPIT
On pourrait résumer ainsi le roman de Virginia Woolf : « Une banale journée d'été londonienne »...
L'incipit introduit cette journée et débute par une phrase devenue très célèbre : « Mrs Dalloway dit qu'elle se chargerait d'acheter les fleurs ». Le chef d'œuvre de Virginia Woolf se résume en effet très simplement : en juin 1923, Mrs Dalloway, âgée de cinquante-deux ans, épouse d'un député conservateur, se prépare à la réception mondaine qu'elle donne le soir même. Elle décide de commander ses fleurs dans une boutique de Bond Street, en plein centre de Londres. Ses pensées l'entraînent alors, de manière décousue, dans une longue introspection.

PISTES DE LECTURE POUR L'INCIPIT
Ecriture et narration : Jeu sur la subjectivité, le principe du « stream of consciousness » et la thématique du temps et de l’instant.
Les personnages : dans le texte Mrs Dalloway et Scrope Purvis, ils ne sont pas traités  de façon traditionnelle dans cet incipit : il n’y a aucune « fiche d’identité » les présentant à leur lecteur, et hormis une simple relation de voisinage, on ne sait rien des liens entre Clarissa Dalloway et Scrope Purvis.
=> Les personnages sont uniquement abordés sous l’angle de leurs perceptions, de leurs impressions, du cours apparemment désordonné de leurs pensées.
=> le roman se passe principalement dans le cerveau des trois héros principaux, Clarissa, Peter et Septimus
=> Pour atteindre la vie psychologique profonde des personnages, Woolf use des ressources essentielles du monologue intérieur qui superpose des images du passé et des rêveries bouleversant la chronologie
Le projet de l'écrivain
« Le temps me manque pour exposer mes projets. J’aurais pourtant beaucoup à dire au sujet des Heures(1), et de ma découverte : comment je creuse de belles grottes derrière mes personnages. Je crois que cela donne exactement ce qu’il me faut : humanité, humour, profondeur. Mon idée est de faire communiquer ces grottes entre elles, et que chacune s’offre au grand jour, le moment venu. »    VIRGINIA WOOLF, JOURNAL D’UN ÉCRIVAIN, JEUDI 30 AOÛT 1923.(1) – 
The Hours = titre envisagé d'abord par l'écrivain pour son roman  

=> La « grotte » qui se creuse derrière les personnage désigne alors à la fois leur intériorité, leur passé, que le monde lui-même. C’est à travers la subjectivité des personnages, celle de Mrs Dalloway en particulier, que se construit une vision du monde : un monde marqué par la beauté et la vie, mais aussi par la mort, très présente à travers le souvenir de Clarissa, qui suggère un passé où elle a pu être heureuse, mais qui n’est plus (« des milliers de choses avaient disparu à jamais »), et auquel fait écho Big Ben


PROBLEMATIQUE : En quoi l'incipit de Mrs Dalloway propose t-il une nouvelle donne romanesque ?


I- UN INCIPIT DEROUTANT

A- Qui parle ?
Le lecteur en déroute : première phrase – troisième personne : narrateur extérieur à l'histoire ? Hypothèse rendue caduque dès la deuxième phrase « Car Lucy avait bien assez de pain sur la planche » - discours indirect libre, donc on se concentre sur Clarissa...jusqu'à ce que Scrope Purvis prenne le relais...
Qui parle donc dans ce roman ? Qui prend le contrôle de la narration ? L'incipit sème le trouble chez le lecteur...

B- De quoi parle t-on ? 
* Un début abrupt – in media res -  une plongée brusque dans une situation précise . Impact narratif
* MAIS le roman aussitôt s'égare - l'impact de la première phrase se dissout dans les méandres des pensées de Clarissa et le lecteur perd le bénéfice de l'action enclenchée.
L'égarement du lecteur se poursuit ensuite : Passé ou présent ? Londres ou Bourton ? Scrope Purvis ou Peter Walsh ?...
=> Une première page intrigante sans intrigue...
=> Conclusion du I - Un roman de la modernité : « l'aventure d'une écriture plus que l'écriture d'une aventure » (Jean Ricardou)



II- UNE NARRATION SINUEUSE

A- Analyse de la focalisation
    La multiplication des points de vue
    Une bascule inaugurale, première plongée de l'extérieur vers l'intérieur.
=> Mise en place du monologue intérieur qui va « tisser » le fil romanesque
L'intérieur révèle dès l'incipit une immensité : « un cadeau pour des enfants sur la plage. » // contrairement à l'idée d'un espace intérieur fermé, cloisonné, limité.


B- Le temps est subjectif
Les sauts temporels



C- L'espace est subjectif
L'espace objectif n'existe pas, les frontières mises habituellement entre l'intérieur et l'extérieur sont enlevées dès les premières lignes. Le roman repose dès l'incipit sur la vision d'un espace qui se moule constamment sur les pensées des personnages.
=> Confusion absolue entre espaces intérieur et extérieur – Londres = lieu ouvert et omniprésent. Londre et ses bruits, son agitation, devient un espace intérieur : un espace dans lequel se déploie les secrets de chacun, perdant alors toute limite => « Life, London »
=> Conclusion du II : L'abandon d'une narration fixe et fiable



III- UNE PROMENADE INTERIEURE

A- Une parole plurielle, éclatée
Discours direct, indirect et indirect libre : une parole mouvante et plurielle


B- Le roman comme l'expérience du « flux de conscience »
La conjugaison des discours, pensées, émotions et souvenirs



C- Les hésitations de l'écriture
Une écriture sinueuse, faite de détours, parenthèses, hésitations et suspensions.
Le refus d'une écriture 
=> L'invention d'une PAROLE romanesque qui prend le relais de l'écriture romanesque traditionnelle



CONCLUSION : LE ROMAN DU MOI : instable, insaissisable

Elargissement : The Hours, le roman ET le film.
En quoi la double réécriture romanesque et filmique éclaire t-elle le roman de Virginia Woolf ? 





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