Inventer une histoire, démarrer une histoire…
Parce que l’écriture n’appartient pas qu’aux écrivains, ou parce que
nous sommes tous aussi des écrivains, chacun à notre mesure et pour peu qu’on y
prenne goût, vos travaux d’écriture seront mis en ligne régulièrement sur ce
blog.
Comment commencer une histoire ?
Première question affrontée en ce début d’année, à travers une série de
premières phrases d’incipits romanesques dont je n’ai pas souhaité vous donner les
titres et les auteurs. Vous avez dû choisir l’une de ces phrases et inventer le
début d’une histoire, dans le registre de votre choix.
Voici quelques incipits qui m’ont semblé percutants, touchants,
intrigants…
Les
vingt premières phrases de roman qui vous ont été proposées… :
« ça a débuté comme ça »
« Mon premier acte en entrant dans ce monde
fut de tuer ma mère »
« Nous voici encore seuls »
« Personne ne me connaissait à
Buckton. »
« Un jour, j’étais âgée déjà, dans le hall
d’un lieu public, un homme est venu vers moi »
« Je vais encourir bien des reproches »
« Le silence s’est fait dans Moscou »
« Longtemps je me suis couché de bonne
heure »
« Aujourd’hui maman est morte. »
« C’est le moment de croire que j’entends des
pas dans le corridor »
« C’était l’été où l’homme a pour la première
fois posé le pied sur la lune »
« Il
entra dans ma vie en février 1932 pour n’en jamais sortir »
« J’avais vingt ans. Je ne laisserai personne
dire que c’est le plus bel âge de la vie. »
« La première fois qu’Aurélien vit Bérénice,
il la trouva franchement laide »
« Comment s’étaient-ils
rencontrés ? Par hasard, comme tout le monde.
« Bordel de merde de vérole du cul !
balbutia Lituma en sentant qu’il allait vomir »
« Pour Noël, j’avais envie d’un rat, car
j’espérais des mots déclencheurs pour un poème traitant de l’éducation
du genre humain »
« On oublie volontiers qu’en moyenne nous
mourons sept fois plus lentement que nos chiens »
« Je ne suis rien »
« Le téléphone sonna et elle sut qu’ils
allaient la tuer »
« Comment
s’étaient-ils rencontrés ? Par hasard, comme tout le monde.
Je
me rends compte aujourd’hui comme le hasard fait bien les choses. Il suffit de
marcher, se trouver en un lieu à un moment précis pour que le
« hasard » ou le destin vous frappe.
Je
me souviens, un matin avant d’aller travailler, je me suis rendue dans ma
boulangerie habituelle. Je me suis ensuite dirigée vers un petit café, à
l’angle de ma rue.
On
ne s’attend pas, à ce moment-là - ou alors très rarement – à ce que notre
voisin, qui a emménagé la veille, arrive et nous accoste avec une question qui
peut, sans aucun doute, vous couper toute envie de faire plus ample
connaissance.
« -Quelle
est la chose la plus stupide que vous ayez faite ? »
On
se serait cru dans le roman de Gilles Legardinier, DEMAIN J’ARRETE, je me suis reconnue dans le personnage
principal, maladroite comme bonjour.
J’aurais
pu lui raconter la fois où, en jouant au chat et à la souris avec mon frère, je
me suis retrouvée dans une position digne des plus grandes contorsionnistes à
cause des sols qu’on venait de laver… Je m’étais étalée comme un yaourt… Triste
histoire.
J’aurais
pu également lui raconter ma dernière expérience en tant qu’électricienne. Je
changeais une prise, mes deux mains étaient occupées à tout relier, et j’ai eu
la bonne idée de tenir le fil électrique avec les dents… J’ai vu jaune pendant
une heure.
La
chose la plus stupide que j’a faite ? Il y en a tellement…
Plus
tard, quand ma fille me demandera de lui parler de mes rencontres, je lui
parlerai sans doute de cette matinée au café et de cette question à laquelle j’apporterai
sûrement la même réponse que je vous donne aujourd’hui." Olivia
M
« Je
ne suis rien. C’est ce que je me suis dit aujourd’hui.
Je
vis à Tokyo au milieu d’un fourmillement de monde, de vie et de bruit. Je suis
chercheuse dans le domaine du cerveau. Durant 11 ans, j’ai découvert tellement
de choses que j’ai fini par me sentir toute petite. Quand j’ai commencé à
exercer mon métier, je travaillais sur les souvenirs de la petite enfance. Une
seule découverte suffisait à me rendre importante, confiante.
Aujourd’hui,
je teste avec d’autres chercheurs des souvenirs sur de jeunes souris. Mes
journées sont très bien réglées. Je pars de chez moi à 7h30, je vis dans un
petit appartement, je suis célibataire et sans enfants. Je vais au laboratoire
en vélo, c’est une petite unité de recherche, l’une des meilleures du Japon.
Nous sommes une dizaine de chercheurs, nous travaillons ensemble, il n’y a pas
de concurrence. Le laboratoire est flambant neuf, nous travaillons sur les
neurones, la mémoire, la peur.
Le
5 mai 2053, je ne rentre pas chez moi. Tout le monde est parti, je décide de
rester au laboratoire, je suis seule.
Pourquoi
je me souviens de cette date ? Lorsqu’on commence à s’isoler du monde et
que l’on a une seule chose en tête qui devient une véritable obsession, on ne
se rend pas compte sur le moment que cela va changer considérablement notre
vie.
La
recherche a pris possession de mon être,
me rongeant l’esprit nuit et jour. Je ne vois plus que les injections,
les analyses, les expériences : c’est un monde de géant. Au lieu de me
sentir seule, libre, je me sens prisonnière comme les souris que j’observe dans
leurs cages.
Avant
j’étais chez moi, maintenant la recherche me parasite le cerveau et je suis
comme un vagabond hors de chez moi. » Rachel
D
« Ca
a débuté comme ça, le 6 juin 1944 pour être précis, il était 6h30.
Nous
étions une trentaine dans chaque barque. Il y avait dans notre barque un
capitaine qui était très autoritaire et criait sur tout le monde, mais tous les
hommes savaient qu’il avait peur, il était tellement paniqué par la peur que
quand il buvait ses mains tremblaient et toute l’eau tombait par terre.
Soudain
nous entendîmes les canons et les mitraillettes des soldats allemands. A ce
moment-là, nous sûmes tous que la guerre n’était plus qu’à quelques mètres et
qu’au moment où la porte s’ouvrirait et que le capitaine crierait « En
avant ! », il faudrait courir le plus vite possible et éviter les
balles ennemies.
Arrivés
au point de rassemblement, il manquait un homme. C’était le Capitaine qui avait
pris trois balles dans le cœur. Nous avions pour mission de prendre la plage,
nous étions presque arrivés." Maxendre
L
« Le
téléphone sonna et elle sut qu'ils allaient la tuer. La conversation ne dura
pas très longtemps, juste quelques mots. Quand Jade reposa le combiné sur son
lit, elle alla fermer les volets, s’assit sur sa couette et se mit à pleurer.
Au bout de quelques minutes Jade commença une liste pour se remémorer tous les
moments de sa courte vie, elle se rappela
de son entrée en maternelle où elle avait fait la connaissance de sa
meilleure amie qui l'est toujours, de Némo son poisson rouge qui mourut un
dimanche matin, de sa rentrée au lycée et de ces fameuses vacances. Puis elle sombra dans ses souvenirs pendant
plusieurs heures. Quand elle eut fait le tour de tous, elle décida d'écrire une
lettre d'abord à ses parents sans trop leur donner d'explication. En leur
disant que c'étaient de bons parents mais qu'elle avait tout fichu en l'air.
Ensuite vint le tour de son grand frère Enzo, elle lui écrivit que cette
histoire n'était pas une bonne idée. Puis ce fut la lettre collective à tous
ses amis en leurs expliquant qu'elle serait mieux là-haut. Après avoir refermé
chaque lettre. Elle se dirigea dans la cuisine prit la dernière boîte de
cookies, les mangea un à un. Jeta la boîte à la poubelle. Regarda sa montre
16:40. Sortit ses chaussons, et se déplaça jusqu'à sa salle de bain, prit une longue douche, se rhabilla d'un
jogging et d'un sweat. Alla faire un câlin à son chien.
La
sonnette retentit, ils étaient 4. Ils la prirent et personne ne la
revit. » Ophélie
A
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