mercredi 17 septembre 2014

LA CRITIQUE LITTERAIRE, UN EXERCICE DE LIBERTE

Vous allez bientôt écrire les critiques des premiers livres et films de l'année, et beaucoup d'entre vous se questionnent : que faut-il écrire dans une critique ?... 
Pas de méthode ici, pas de plan à suivre : la critique est un exercice de liberté, qui autorise la bonne ou la mauvaise humeur, la mauvaise foi, les digressions et les apartés. 
A titre d'exemple et non de modèle, voici quelques morceaux choisis du livre de Frédéric Beigbeder, Dernier inventaire avant liquidation. 
Dans Dernier inventaire avant liquidation, Frédéric Beigbeder présente son Top 50 littéraire du XXème siècle, cinquante œuvres littéraires incontournables  parmi lesquelles il distingue L’Etranger d’Albert Camus en première position, mais aussi Tintin et Astérix…
Vous trouverez ici des extraits de la Préface de Beigbeder, une préface qui décape la vision d’une littérature scolaire ou académique, ainsi que quelques critiques choisies au hasard : L’Etranger, le Voyage au bout de la nuit, l’Ecume des jours, Gatsby le magnifique, 1984, Asterix et Tintin…
On peut aimer Frédéric Beigbeder, on peut le détester, là n’est pas la question. L’intérêt ici est de découvrir l’exercice de la critique : une façon de s’approprier la lecture, un exercice à la fois très personnel et nécessairement argumenté. Ce qui ouvre toutes les portes...






Frédéric BEIGBEDER – Dernier inventaire avant liquidation - 2001

                                                                      
To the happy many.
« Et Marie, son amour, était désormais comme les pochettes de disques et les photos jaunies, et ces styles vintage, et ces sourires d'hier, et toute la beauté du monde; du monde de Vincent qui était mort, et qui doucement s'abîmait, et c'était le propre de l'homme, de retenir la beauté fuyante et les paradis perdus. Et l'Art, aujourd'hui, c'était comme le reste, c'était bel et bien comme les ongles d'un mort. Qui poussent encore - et au-delà de la mort. »
Patrick Eudeline, dernier paragraphe de Ce siècle aura ta peau (Florent Massot, 1997).


 

OUVERTURE DE PARAPLUIE

A quoi servent les calendriers, les anniversaires, les changements de millénaire ? A vieillir, c'est-à-dire faire des bilans, classer, trier, se souvenir. Les siècles sont bien pratiques pour raconter l'Histoire Littéraire : il y a le XVIIIe, dit « des Lumières », qui ne ressemble pas au XIXe dit « Romantique », puis « Naturaliste ». Et le XXe siècle, comment faudra-t-il le qualifier ? « Moderne » ou « Postmoderne » ? « Monstrueux » ou « Théorique »? « Dadaïste », « Surréaliste », « Oulipien » ou « Trash »? « Mortel » ou « Telmor » ?
Depuis 5 ans que je suis critique littéraire (à Elle, Voici, Lire, au Figaro littéraire, au « Masque et la Plume » ou sur « Paris Première »), je tente, avec mes maigres moyens - subjectivité d'autodidacte et enthousiasme naïf -, de désacraliser la littérature. Pour moi, rien n'est plus criminel que de la présenter sous un jour solennel (c'est-à-dire poussiéreux), car le livre est, aujourd'hui plus que jamais, en danger de mort. Il me semble que l'on peut utiliser l'an 2001 comme un prétexte" l'occasion de se repencher (sans s'épancher) sur « les 50 livres du siècle ». Ce nombre, tout aussi arbitraire que le calendrier, nous permettra tout de même de passer en revue les romans importants (français ou étrangers), quelques essais, un conte pour enfants, ainsi que deux bandes dessinées ayant marqué le siècle.
Ces 50 œuvres écrites ont été choisies par les 6 000 Français qui ont renvoyé un bulletin distribué par la FNAC et Le Monde pendant l'été 1999 : il s'agit donc d'un choix démocratique et néanmoins subjectif, puisque ces personnes se sont prononcées à partir d'une liste de 200 titres présélectionnés par une équipe de libraires et de critiques. J'ai délibérément choisi de commenter ce tri avec la même injustice qui a procédé à son établissement.
Parler de littérature à la télévision n'est pas chose aisée. On se retrouve souvent avec quelques vieux messieurs pérorant autour d'une table (et qui n'ont même pas le droit de fumer ou de boire de l'alcool à cause de la loi Evin). Ou alors on devient un jeune chroniqueur arrogant comme moi : l'insolent de service, le contestataire de salon. Comment changer cela ?
Un critique est un lecteur comme les autres : lorsqu'il donne son avis, favorable ou défavorable, il n'engage que lui-même, et encore, une de ses nombreuses facettes contradictoires.
Tous ces livres que nous avons étudiés à l'école (c'est-à-dire « de force », sans non-chalance ni désir spontané), n'est-il pas temps de les approcher comme ce qu'ils sont : de simples regards vivants sur les changements et catastrophes qui ont façonné notre époque? N'oublions jamais que derrière chaque page de ces monuments d'un siècle révolu se cache un être humain qui prend tous les risques. Celui qui écrit un chef-d'œuvre ne sait pas qu'il écrit un chef-d'œuvre. Il est aussi seul et inquiet que n'importe quel autre auteur; il ignore qu'il figurera dans les manuels et qu'un jour on décortiquera chacune de ses phrases - c'est souvent quelqu'un de jeune et solitaire, qui travaille, qui souffre, qui nous émeut, nous fait rire, bref, nous parle. Il est temps de réentendre la voix de ces hommes et femmes comme au premier jour de leur publication, en la débarrassant, l'espace d'un instant, des appareils critiques et autres notes en bas de page qui ont tant contribué à dégoûter leurs lecteurs adolescents et à les envoyer dans les salles obscures ou aux concerts de rock. Il est temps de lire ces livres célèbres comme si c'était la première fois (ce fut parfois le cas ici), comme s'ils venaient de paraître, avec légèreté et inconséquence. L'humour, s'il y en a dans ce petit recueil, ne serait alors pas « la politesse du désespoir » mais l'excuse de l'inculture, une tentative pour surmonter la timidité qu'imposent les grandes œuvres d'art. Les chefs-d'œuvre détestent qu'on les respecte ; ils préfèrent vivre, c'est-à-dire être lus, triturés, contestés, abîmés -au fond, je suis persuadé que les chefs-d'œuvre souffrent d'un complexe de supériorité (il serait temps de faire mentir la boutade d'Hemingway : « un chef-d'œuvre est un livre dont tout le monde parle et que personne ne lit »).
La littérature m'apparaît de plus en plus comme une maladie, un virus étrange qui vous sépare des autres et vous pousse à accomplir des choses insensées (comme de s'enfermer pendant des heures avec du papier au lieu de faire l'amour avec des êtres à la peau douce). Il y a là un mystère que je ne percerai peut-être jamais. Que cherchons-nous dans les livres ? Notre vie ne nous suffît donc pas ? On ne nous aime pas assez ? Nos parents, nos enfants, nos amis et ce Dieu dont on nous parle ne sont pas assez présents dans notre existence? Que propose la littérature que le reste ne propose pas? Je n'en sais rien. C'est pourtant cette fièvre que j'espère inoculer à ceux qui auront ouvert cette préface par mégarde, et commis l'erreur de la lire jusqu'au bout. Car je souhaite de tout mon cœur qu'il y ait encore des écrivains au XXIe siècle.
Frédéric Beigbeder

 


N° 1 L'ÉTRANGER d'Albert Camus (1942)

Le n° 1 de ce classement des 50 livres du siècle, choisis par le vote de 6 000 français n'est pas moi mais je m'en fous, même pas vexé,  je serai dans le « Premier Inventaire » du XXIe siècle, non? Non plus??
Il faut souligner que notre grand vainqueur rassurera les paresseux : un roman très court (123 pages en gros caractères) Pas besoin de se fatiguer : on peut donc écrire un chef-d'œuvre sans noircir des milliers de pages comme Proust. Chef-d'œuvre que nous 'pouvons lire en une demi heure montre en main. Autre bonne nouvelle. le n° 1 de notre liste est un premier roman il s'agit donc d'un premier roman premier.
Enfin, mauvaise nouvelle pour les xénophobes : le roman préféré des Français s'intitule L'Étranger.
Il nous narre l'histoire de Meursault, un type décalé qui se fout de tout : sa mère meurt - il s'en fiche; il tue un Arabe sur une Plage algérienne - ça lui est égal; on le condamne à mort - il ne se défend même pas. La célèbre première phrase du livre le montre bien : «Aujourd'hui maman est  morte. Ou peut-être hier, je ne sais pas. » Le gars ne sait même pas quel jour sa mère est morte! On ne se rend pas toujours compte d'une chose : tous les losers magnifiques, les meurtriers paumés, les antihéros désabusés de la littérature contemporaine sont des héritiers de Meursault. Ce sont des Sisyphe heureux, des révoltés pas dupes, des nihilistes optimistes, des naïfs blasés : bref, des paradoxes ambulants qui continuent de respirer malgré l'inutilité de tout.
C'est que, pour Albert Camus (1913-1960), la vie est absurde. Pourquoi tout ça ? A quoi bon ? Pourquoi cette chronique inutile ? N'avez-vous rien de mieux à faire que de lire ce livre ? Tout est vanité en ce bas monde (Camus, c'est l'Ecclésiaste chez les pieds noirs). Cette lucidité taciturne n'a pas empêché Camus d'accepter le Prix Nobel de Littérature en 1957 (à 44 ans, ce qui faisait de lui le plus jeune lauréat après Kipling). Pourquoi? Parce qu'il a résumé son existentialisme en une devise simple : « La vie est d'autant mieux vécue qu'elle n'a pas de sens. » Rien ne rime à rien - et alors? Et si c'était justement cela, «le bonheur inévitable»? Contrairement au refus snob de Sartre, 7 ans plus tard, qui confère de l'importance à la récompense, Albert Camus accepte le Nobel précisément parce qu'il s'en moque. On peut se foutre de l'univers, et l'accepter tout de même,  voire l'aimer. Ou bien il faut se suicider tout de suite, puisque tel est le seul «problème philosophique vraiment sérieux».
Même la mort de Camus sera absurde. Bien que tuberculeux ce playboy, sosie d'Humphrey Bogart fut assassiné à 47ans  par un platane en bordure de la Nationale 6, avec la complicité de Michel Gallimard et d'une décapotable.
La seule chose qui n'est pas absurde, c'est le style que Camus a inventé : des phrases courtes («sujet verbe complément, point», écrivit Malraux dan sa note de lecture à l'éditeur), une écriture sèche, neutre, au passé composé, qui a fortement influencé tous les auteurs de la seconde moitié du siècle. Nouveau Roman inclus. Ce qui n'interdit pas les images fortes - par exemple pour décrire les larmes et la sueur sur le visage de Ferez.
« Elles s'étalaient, se rejoignaient et formaient un vernis d'eau sur ce visage détruit. »
Même si on l'a un peu trop étudié à l'école, il faut relire L'Etranger, dont le désespoir ensoleillé, reste, comme dit la publicité pour la Suze, « souvent imité, jamais égalé ». L'humanisme gentil d'Albert Camus peut parfois lasser, mais pas son écriture tranchante.  Au moment de conclure ce dernier inventaire avant liquidation, alors que la fin du monde approche tranquillement et que l'homme organise sa propre disparition en souriant, n'y a-t-il pas une légère ironie à voir Camus s'emparer de la première place (donc la dernière du compte à rebours), lui qui nous a expliqué que le secret du bonheur consistait à s'accommoder de toutes les catastrophes ?

N° 6 VOYAGE AU BOUT DE LA NUIT de Louis-Ferdinand Céline (1932)

Le numéro 6 était le nom du héros de la série Le Prisonnier. Vous vous souvenez? Celui qui hurlait : « Je ne suis pas un numéro, je suis un homme libre! » Ce dossard va donc très bien à Louis-Ferdinand Céline.
Le Voyage au bout de la nuit de Louis-Ferdinand Céline (1894-1961) est le roman le plus révolutionnaire du siècle, et la preuve en est qu'il n'a pas eu le Prix Goncourt en 1932. En l'apportant à Denoël, Céline lui avait pourtant prédit : « C'est le Goncourt dans un fauteuil et du pain pour un siècle entier de littérature. » II se trompait sur le début de sa phrase, et sur la fin aussi car tout le monde sait que Céline n'était pas boulanger mais médecin.
Certains livres sont inexplicables : ils paraissent sortis de nulle part et pourtant, quand on les lit, on se demande comment le monde a fait pour vivre sans eux. Le Voyage est de cette famille peu nombreuse : son évidence bouleverse la vie de tous ses lecteurs. Sa langue brute transforme à jamais votre façon de parler, d'écrire, de lire et de vivre. « La musique seule est un message direct au système nerveux. Le reste blabla. » Personne n'en sort indemne. J'envie ceux d'entre vous qui n'ont pas encore lu cette fresque furieuse de vermine et charogne : ils vont se faire dépuceler mentalement. Vous savez ce que je veux dire : au début ce n'est pas toujours agréable; par la suite on y prend goût.
Héros en fuite, Ferdinand Bardamu, descendant d'Ulysse et ancêtre de la Béat Génération, traverse la guerre de 14, le Congo, New York, Détroit, Paris, Toulouse, devient médecin en banlieue parisienne, puis chef d'une clinique psychiatrique. D'une certaine façon, on pourrait dire que le Voyage au bout de la nuit est le premier roman de la mondialisation. Avec 50 ans d'avance, Céline décrit le rétrécissement de la planète, son uniformisation. Partout son antihéros ne rencontre que des hommes morts ou sur le point de crever, comme Robinson à la fête des Batignolles. Partout une société qui ne sert qu'à tuer ou à rendre fou. Céline rédige le roman picaresque le plus sombre de l'Histoire : à côté, Don Quichotte est une promenade de santé. L'exploit de Céline c'est qu'en écrivant à l'encre noire sur fond noir on arrive quand même à le lire. « J'ai écrit pour les rendre illisibles », a-t-il dit plus tard. Les milliers de copieurs qui l'ont suivi, souvent de grand talent (Sartre, Camus, Henry Miller, Marcel Aymé, Antoine Blondin, Alphonse Boudard, San-Antonio, Charles Bukowski...) n'ont jamais réussi ne serait-ce qu'à approcher la clarté de sa noirceur, l'amoralité de son apocalypse, l'hystérie de son cauchemar, le dégoût de son épopée.
Comment le docteur Destouches, médecin de 38 ans officiant à Clichy, qui a pris pour pseudonyme le prénom de sa grand-mère, a-t-il pu engendrer pareille «symphonie littéraire émotive» avant d'écrire, 5 ans plus tard, Bagatelles pour un massacre (sinistre pamphlet dans lequel il aurait mieux fait de rajouter des points de suspension) ? En cherchant bien, on trouve malheureusement une cohérence : Bardamu, l'anarchiste, cherchait un coupable et Céline, l'antisémite, trouvera un bouc émissaire. Il s'est bien sûr ignoblement fourvoyé sur la cause de la misère humaine. Pourtant le constat du Voyage au bout de la nuit reste d'actualité : nous essayons de survivre sur une petite planète sans Dieu qui fabrique de la pauvreté, des guerres et des usines. «Une immense, universelle moquerie » (page 22). Et personne ne sait « le pourquoi qu'on est là » (page 255).
Roger Nimier a dit une chose très jolie sur Céline : « Le Diable et le bon Dieu se disputent très fort à son sujet. » II me semble que cette engueulade n'est pas près de s'achever. Et maintenant éteignez la lumière, je veux errer dans la nuit... j'ai tout mon temps pour traverser l'obscure désolation... « et la ville entière, et le ciel et la campagne et nous, tout qu'il emmenait, la Seine aussi, tout, qu'on en parle plus ». (Il n'y a pas que Luchini qui sache lire!)


N° 10 L'ÉCUME DES JOURS de Boris Vian (1947)

Le number ten est un conte de fées innocent et triste : L'Écume des jours, merveilleuse histoire d'amour que Boris Vian (1920-1959) a écrite en 2 mois, à 27 ans, et qu'il résumait ainsi : « Un homme aime une femme, elle tombe malade, elle meurt. » (Love Story d'Erich Segal est donc un plagiat éhonté !)
L'imagination... Ah, l'imagination. On la croyait morte, celle-là. Finie, dépassée, assassinée par le réalisme et le naturalisme, l'autobiographie et le roman engagé. La poésie tendre et fantastique des amours de Colin et Chloé apporte un cinglant démenti aux ennemis de l'invention. Non, l'imaginaire n'est pas contradictoire avec l'émotion, ou l'humour, ou la satire. On peut parfaitement être absurde et révolté, comme l'a montré Albert Camus. Et Vian, bien que centralien et existentialiste, était un ami de Queneau, il connaissait donc le surréalisme et la pataphysique, qui imprègnent sa romance délicate et loufoque. Vian s'y moque de Jean-Sol Partre (l'auteur de La Lettre et le Néon}, condamne le travail, l'argent et le mariage, montre que tout est impossible (le bonheur, la santé, l'amour, la vie) et en même temps comment des nénuphars poussent dans les femmes et des appartements rétrécissent. Il y a un point commun entre J.D. Salinger, l'auteur de L'Attrape-Cœurs, et Boris Vian, l'auteur de L'Arrache-Cœur (en plus de ces titres qui se ressemblent beaucoup) : tous deux refusent le monde adulte, même si le premier vit toujours alors que le second est mort à 39 ans il y a 40 ans. Impossible de résumer L'Ecume des jours : c'est un roman trop fragile, trop cristallin, trop magique pour être expliqué par un type assis dans un fauteuil devant son iMac.
Il me faudrait un pianocktail, ce mythique instrument qui mélange les alcools en même temps que les notes (sans doute inspiré à Vian par l'orgue à parfums de Des Esseintes). Après avoir bu des litres de liqueurs mélangées, je pourrais aller à la patinoire avec des jolies filles qui riraient et alors je serais dans l'ambiance, je me mettrais à jouer de la trompette pour fêter la 10e place de Boris Vian, et une petite souris grise à moustaches noires viendrait commenter en direct la victoire de Jean-Sol Partre sur le vrai Jean-Paul Sartre, qui n'est que 13" chez nous : car ce classement est la preuve que les fêtards inconséquents sont plus grands que les philosophes intelligents Nous célébrons ici un zazou aussi désespéré que dégingandé, un immense artiste qui ne fut pas pris au sérieux de son vivant et qui triomphe car ses livres ne servent qu'à s'amuser, à fuir la mort, avant de se faire exploser le cœur trop jeune dans une salle de cinéma où l'on projette votre œuvre sur trop grand écran. L'histoire ne dit pas si l'autopsie y trouva un nénuphar géant...
Il existe sûrement des gens qui n'aiment pas L'Écume des jours, qui trouvent ce livre nunuche ou puéril, et je voudrais ici même dire, solennellement, à ces gens que je les plains, parce qu'ils n'ont pas compris ce qui est le plus important en littérature. Vous voulez savoir ce que c'est ? Le charme.
Si j'avais eu plus de place, je vous aurais parlé d'Holden Caulfield, qui mériterait amplement de figurer lui aussi dans ce Top 50 avec ses conneries à la David Copperfield, mais j'ai pas envie de raconter ça et tout


N°46 - GATSBY LE MAGNIFIQUE de Francis Scott Fitzgerald (1925)

Quand Scott Fitzgerald (1896-1940) publie The Great Gatsby, il n'a que 29 ans et pourtant il est déjà au sommet de son art. Il a tout compris à l'Amérique, et la preuve c'est que celle-ci est à ses pieds. Il a épousé la plus jolie fille de New York, donc du monde. Il décide de raconter la vie d'un pauvre du Middle West qui s'est enrichi en vendant de l'alcool durant la Prohibition et donne des fêtes sur Long Island : Jay Gatsby.
Gatsby veut séduire son amour d'enfance, Daisy, laquelle a épousé un milliardaire de naissance (Tom Buchanan). Il va sans dire que le fric pourri de Gatsby ne suffira pas à la ramener, c'est d'ailleurs la seule chose qui a vraiment vieilli dans le livre : aujourd'hui, la belle Daisy n'hésiterait pas trois secondes avant de partir avec le beau parvenu. Quoi de plus sexy qu'un bootlegger (l'ancêtre du dealer d'American Beauty) ?
Great Gatsby est une satire de la haute société américaine (certains reprochent même au livre un antisémitisme larvé) mais surtout un roman d'amour mélancolique, rédigé dans ce ton doux-amer, inimitable, que Fitzgerald a mis au point en écrivant 160 nouvelles pour payer des robes à Zelda : « Dans ses bleus jardins des hommes et des jeunes femmes passèrent et repassèrent comme des phalènes parmi les chuchotements, le Champagne et les étoiles. » Il relève aussi partiellement de l'autobiographie : Gatsby, c'est un peu Fitzgerald lui-même. Né à Saint Paul (Minnesota), il n'a jamais réussi à faire vraiment partie des clubs de milliardaires, il a été snobé par l'équipe de football de Princeton et ne s'en est jamais remis; certes on ne l'a pas assassiné comme son héros mais il est mort à 44 ans, alcoolique et inconnu, 8 ans avant que sa femme ne disparaisse à son tour, brûlée vive dans
l'incendie de son asile de fous, en 1948. Les grands romans sont tous prémonitoires : Colette disait que « tout ce qu'on écrit finit par devenir vrai ». L'Amérique cupide et égoïste décrite par Fitzgerald n'a fait qu'empirer depuis puisqu'elle est devenue maîtresse de la planète Terre. Ses rêves de grandeur finissent en gueules de bois sordides. Le monde est une « party » de plaisir qui commence bien et finit mal, comme la vie («un processus de démolition »). Il ne faudrait jamais se réveiller. Fitzgerald est très protestant, voire puritain : chez lui le bonheur se paie comptant, et le péché est toujours puni. Il a décrit des riches malheureux à New York après avoir été pauvre et heureux à Paris. Le seul moyen de critiquer les riches c'est de vivre comme eux, donc de boire au-dessus de ses
moyens, avant de finir dans la dèche et l'alcoolisme.
On comprend enfin pourquoi Scott aimait tant saccager le Ritz ivre mort ou précipiter sa voiture dans les étangs : tacher son smoking est un geste politique, une façon de désapprouver le monde auquel on a tant rêvé d'appartenir. Fitzgerald peut être considéré comme le premier bobo (bourgeois bohème), mais il avait l'élégance
d'appeler son gauchisme « Génération Perdue » : « On devrait pouvoir comprendre que les choses sont sans espoir et cependant être décidé à les changer » (La Fêlure);« Tous les dieux, morts; toutes les guerres, faites; tous les espoirs en l'homme, trompés » (This Side of Paradise). Reste sa description des aristocrates new-yorkais,
si lumineuse qu'ils en furent aveuglés, puis éteints, comme les dinosaures.
Je n'aime pas les gens qui n'aiment pas Fitzgerald. Ils croient qu'il faut être mal habillé pour être un vrai rebelle. C'est faux : si j'arrose ma tête de Champagne, puis renverse mon fauteuil sur le sol à coups de pied pathétiques, c'est pour crier, avec Scott Guevara : « Biba la Rébolucion ! »


N°24 - LA CANTATRICE CHAUVE d'Eugène Ionesco (1950)
 En 24e position chante La Cantatrice chauve d'Eugène Ionesco (de son vrai nom Eugène Ionescu, 1912-1994), une « anti-pièce » qui fut créée le 11 mai 1950 au théâtre des Noctambules - comment voudriez-vous que cela me déplaise ? – et publiée dans trois numéros des Cahiers du Collège de Pataphysique en 1952.
Monsieur et Madame Smith vivent à Londres, normal puisqu'ils sont anglais. L'horloge sonne n'importe quand et eux disent n'importe quoi, tout comme leurs invités : Monsieur et Madame Martin. Et la Cantatrice Chauve ? Elle n'existe pas. A moins que ce ne soit Mary, la bonne, ou le capitaine des pompiers, voire l'un des innombrables
Bobby Watson...
Vous trouvez cela absurde ? C'est voulu. « Absurde » est un des maîtres mots de l'après-guerre : c'est Camus qui a commencé à l'employer par désespoir mais très vite, le théâtre l'a rejoint. En attendant Godot et La Cantatrice chauve sont les deux chefs-d'œuvre du théâtre de l'absurde. Mais La Cantatrice est nettement plus rigolote.
On pourrait dire qu'il s'agit d'une critique de la bourgeoisie sclérosée, ou du mode de vie moderne, ou du théâtre de boulevard, ou de la méthode Assimil, ou de l'incommunicabilité contemporaine, mais ce serait ennuyeux. Or La Cantatrice chauve est tout sauf ennuyeuse : nous sommes en présence d'un énorme et magnifique foutage de gueule, dans la droite ligne d'Ubu roi d'Alfred Jarry. Et il ne faudrait pas insulter La Cantatrice chauve en coupant sa calvitie en quatre.
Eugène Ionesco est d'origine roumaine, comme le comte Dracula; c'est pourquoi il suce le sang du théâtre contemporain. Ionesco est un révolutionnaire qui fait couler le sang des mots. La Cantatrice chauve est sa première pièce et aussi la plus drôle, la plus originale, la plus puissamment nouvelle. Son humour loufoque le
situe très en avance sur son temps : les Monty Python, les Nuls, les Deschiens font tous du Ionesco sans le savoir. En outre, comme Magritte quand il peint une pipe en écrivant « Ceci n'est pas une pipe », Ionesco peut aussi être considéré comme l'inventeur du décalage si cher aux publicitaires des années 1990. Le truc est simple mais fonctionne toujours 50 ans après : ne pas dire la même chose que ce qu'on montre, ne pas montrer la même chose que ce qu'on dit. Élu à l'Académie française en 197 0, Ionesco était quelqu'un de très triste comme tous les grands humoristes : il ne plaisantait pas face à la vanité de notre condition. Son enfance fut solitaire, ses parents divorcèrent quand il avait 5 ans. L'homme est provisoire, il meurt et tout ça pour quoi faire? Pas de réponse.  Somme toute, cette agitation s'avère aussi ridicule que, pour prendre un exemple au hasard, d'offrir un peigne à une cantatrice dénuée de cheveux.



N°23 - ASTÉRIX LE GAULOIS de Goscinny et Uderzo (1959)

Le numéro 23 n'est toujours pas moi mais Astérix le Gaulois : c'est normal, il est dopé à la potion magique!
L'histoire de la naissance d'Astérix m'a toujours fasciné. En 1959, René Goscinny (1926-1977), scénariste inconnu de retour des Etats-Unis, et Albert Uderzo (né en 1927), illustrateur obscur dans une agence parisienne (International Press), se réunissent dans le HLM d'Uderzo, à Bobigny. Ils cherchent une idée de bande dessinée pour le premier numéro d'une nouvelle revue nommée Pilote. Au départ ils pensaient adapter le Roman de Renart, mais quelqu'un d'autre l'ayant déjà fait, ils hésitent. Ils se grattent la tête, ce qui est toujours signe d'une intense réflexion chez l'être humain. Ils partent sur une aventure préhistorique (qu'ils auraient peut-être appelée « Jurassix Park » mais on ne le saura jamais). Et puis, tout d'un coup, après quelques pastis, c'est l'illumination : et si l'on racontait ce qu'était la France sous les Romains ? Uderzo commence à dessiner le Gaulois le plus célèbre : Vercingétorix. Goscinny rebondit : déformant des mots usuels, il crée Astérix, Obélix, Idéfix, Panoramix, Assurancetourix, Abraracourcix, Agecanonix (quelques années plus tard il s'illustrera avec sa trouvaille la plus sublime : Ocatarinetabellatchixtchix...). Pour les Romains, il suffira de trouver des noms se terminant en « us » comme dans une version latine : Processus, Hotelterminus, Belinconnus, Prospectus... Et Goscinny de rédiger le célèbre prologue de cette nouvelle Guerre des Gaules : « Nous sommes en 50 avant Jésus-Christ. Toute la Gaule est occupée par les Romains... Toute? Non! Un village peuplé d'irréductibles Gaulois résiste encore et toujours à l'envahisseur... » (En réalité, la Gaule et les Gaulois sont une invention du 19ème  siècle : les récentes découvertes archéologiques montrent qu'au Ier siècle avant J-C, le territoire actuel de la France était peuplé de dizaines de tribus celtes aux cheveux courts, sans barbe ni moustache!)
Sa grande trouvaille est évidemment la potion magique qui permet aux Gaulois de vaincre les Romains à mains nues. Grâce à cet ancêtre de l'EPO, les faibles peuvent gagner contre les forts, les Gaulois paresseux qui ne pensent qu'à bouffer des sangliers rôtis peuvent rosser des envahisseurs supérieurement organisés. On en
vient à se demander ce qui serait arrivé si l'on avait eu la potion magique en 1940...
Car le talent de Goscinny et d'Uderzo consiste précisément à créer une bédé qui se lit à plusieurs niveaux : les enfants s'attardent sur les bastons et les gags visuels, tandis que les parents rigolent aux jeux de mots, anachronismes, allusions à la géopolitique.
Astérix s'envole comme une fusée à plusieurs étages. Mais ce n'est pas là le plus beau dans cette aventure. Le 29 octobre 1959, le premier épisode du feuilleton Astérix le Gaulois passe dans Pilote. L'accueil est plus que mitigé. Les gens disent à Goscinny que tout le monde s'en fout des Gaulois, et à Uderzo qu'il dessine de trop gros nez. Lorsque le premier album sort en 1961, il ne se vend qu'à 6 000 exemplaires. Le second, La Serpe d'or, ne fait pas beaucoup mieux :20 000 exemplaires. De bons amis leur conseillent d'arrêter : « ça ne marchera jamais, disent-ils, c'est trop vieillot » (effectivement puisque ça a deux mille ans). Mais les deux auteurs tiennent bon. Et aujourd'hui la saga des Astérix représente 300 millions d'albums vendus dans 107 langues et dépasse Faulkner, Nabokov et Autant en emporte le vent dans notre Top 50. Depuis cette année, René Goscinny a même sa rue dans le XIIIe à Paris, tout près de la Bibliothèque Nationale de France !
Cela veut dire quoi? Que vous qui lisez ceci, si vous avez une idée dont vous êtes fier et qui vous fait marrer, eh bien n'écoutez jamais les avis de vos soi-disant amis; au contraire, soyez tenace, têtu, borné, confiant, et travaillez. Tous les écrivains de cette liste ont dû s'acharner pour être publiés. C'est cela, aussi, le message d'Astérix : la potion magique est en chacun de nous ! (Par Toutatis ! Je m'exprime comme Bernard Tapix!)


N°22 - 1984 de George Orwell (1948)

Bonjour chez vous, je vous vois, je vous regarde, j'espionne vos moindres mouvements... Et que vois-je ? Je vois distinctement que le numéro 22 est 1984, le dernier livre de la vie de l'Anglais George Orwell (1903-1950).
Aujourd'hui nous sommes en 2001. Donc 1984, c'était il y a 17 ans. Et le roman 1984 est sorti en 1948 (pour choisir son titre, Orwell s'est contenté d'inverser les deux derniers chiffres de l'année de publication).
Orwell s'est-il trompé comme New York 1997, Cosmos 1999 ou 2001 l'Odyssée de l'espace qui n'ont pas eu lieu aux dates prévues ? Ou bien vivons-nous dans le monde qu'il décrit : un monde totalitaire dont tous les habitants sont surveillés par un Télécran? Une société où le passé est constamment réécrit, où la langue est modifiée pour en faire une novlangue, où les cerveaux sont lavés, où la vie sexuelle est réglementée, où l'on opprime les citoyens sous couvert d'amour, de paix et de tolérance ? Où tout est organisé pour nous empêcher de penser?
La réponse est : bien sûr que oui, nous y sommes. Big Brother existe : à Levallois-Perret il y a des caméras qui filment les passants dans les rues; l'institut Médiamétrie est en train de mettre au point une caméra infrarouge pour enregistrer les réactions des téléspectateurs à leur domicile; les web-cams sur le net retransmettent au monde entier la vie privée des gens; nous sommes fichés, traçables, photographiables par les cartes de crédit, les téléphones portables, les satellites d'espionnage et de guidage. La langue est réduite à un volapük d'un minimum de mots (quant au français, n'en parlons pas : il disparaîtra dans les décennies à venir). La publicité manipule nos désirs. Les révisionnistes effacent des millions de morts. Il existe même un jeu télévisé hollandais (distribué dans le monde entier) qui s'intitule « Big Brother », et permet de surveiller 24 heures sur 24 la vie de dix candidats reclus dans un appartement truffé de caméras. George Orwell ne s'est pas trompé : son roman prémonitoire a eu beau être influencé par les totalitarismes de son époque, nazisme et stalinisme, et par Le Meilleur des mondes d'Huxley (un British comme lui), il n'en décrivait pas moins très scrupuleusement l'évolution du monde occidental dans les 50 années à venir. Et Stan Barets, un des grands spécialistes de la science-fiction en France, a raison de se demander : « A ce point-là, est-ce encore de la fiction ou déjà du pamphlet ? »
1984 d'Orwell se lit toujours avec terreur et avidité. Ce ne sont pas seulement ses dons de voyance qui nous saisissent, mais aussi sa vision de l'avenir, qui a énormément influencé tous les arts, en particulier le cinéma et la littérature cyberpunk. Avant Orwell, le futur était lisse, chatoyant, fluorescent, c'était Flash Gordon, les
Martiens, les soucoupes volantes. Après Orwell, le futur ne sera plus jamais le même : un monde carcéral, angoissant, sombre, Brazil, Blade Runner... Orwell a créé cette esthétique : le futur comme un immense goulag dont son héros, Winston Smith, ne parviendra jamais à s'échapper. Heureusement pour lui, Orwell est mort en 1950, deux ans après la publication de son livre, c'est-à-dire trop tôt pour voir à quel point il avait raison d'être pessimiste. 1984 s'achève d'ailleurs sur cette phrase : « IL AIMAIT BIG BROTHER.» Winston Smith vient d'être rééduqué, il est comme nous tous intoxiqué et soumis. Le système est victorieux quand il parvient à nous faire aimer notre prison.
Mais dites donc, il y en a un qui ne me lit pas attentivement, là, toi, oui, toi, avec tes doigts dans le nez, si tu crois que je ne t'ai pas vu. Baisse les yeux, je t'ordonne de baisser les yeux : Grand Frère te regarde. Fais attention ou je t'envoie ma Police Beigbédérienne !


N°18 - LE LOTUS BLEU d'Hergé (1936)

Sapristi! Que dis-je : Tonnerre de Brest! Je ne suis pas numéro 18! Tout ça parce qu'un bougre de bachi-bouzouk, un boit-sans-soif, un olibrius bruxellois, un marin d'eau douce a décidé de s'emparer de ma place !
« Tintin » ! quel nom ridicule, en plus ! Un soi-disant reporter international qu'on ne voit jamais écrire ses articles, inventé par un ancien boy-scout nommé Georges Rémi (1907-1983), dit RG, comme dans « Renseignements Généraux » ! Drôle d'idée pour un pseudonyme, surtout quand on a des opinions politiques peu recommandables : colonialistes et parfois même racistes dans Tintin au Congo... sans évoquer un comportement douteux pendant la Seconde Guerre mondiale belge (collaboration à un journal dirigé par des Allemands).
Hergé n'en demeure pas moins l'inventeur de la BD européenne grâce à sa ligne claire, son sens de l'intrigue avec suspense en bas de page (les planches uniques paraissant au rythme hebdomadaire, il fallait tenir les jeunes lecteurs en haleine d'une semaine sur l'autre) et ses personnages aussi burlesques que récurrents : le capitaine Haddock, le professeur Tournesol, la Castafiore, les détectives Dupond et Dupont et bien sûr Tintin et Milou. Il dessine, modernise, adapte et vulgarise (au sens noble du terme) le roman-feuilleton à la Rocambole. D'ailleurs le
dernier de ses 23 albums s'intitulera Tintin et les Picaros en hommage à ces aventuriers espagnols du XVIe siècle qui ont donné leur nom au roman picaresque.
Le Lotus bleu a été choisi pour représenter Tintin dans ce hit-parade pour deux raisons : d'abord parce qu'il fallait bien choisir un épisode de ses aventures; ensuite parce qu'il s'agit de la première aventure de Tintin pour laquelle Hergé s'est véritablement documenté. Publié en 1936 en noir et blanc, Le Lotus bleu sera remanié et colorisé en 1946. C'est la suite des Cigares du Pharaon, qui mettait déjà aux prises Tintin avec une bande de trafiquants de drogue. Cette fois, ces sacripants se manifestent en pleine guerre sino-japonaise. Tintin se rend même à Shanghaï dans une fumerie d'opium qui s'appelle le Lotus bleu. C'était tout de même trash pour l'époque : comme si aujourd'hui on sortait une bédé pour enfants qui se passait dans un club échangiste ! Tintin sauve la vie de Tchang, un jeune garçon qu'il voit se noyer lors d'une crue du Yang Tsé Kiang (fleuve cher aux personnages d'Antoine Blondin dans Un Singe en hiver). Ensemble ils affrontent le redoutable Rastapopoulos, un lointain ancêtre de Pablo Escobar. A la fin, lorsqu'ils se séparent, Tintin verse une des seules larmes de sa carrière, ce qui a entraîné de nombreuses gloses sur sa possible homosexualité avec ce jeune Chinois : hypothèse aussi stupide que de le supposer zoophile avec Milou, même si Hergé a effectivement rencontré un Chinois nommé Tchang Tchong-jen qui lui a donné de précieux conseils pour son récit.
De Gaulle a dit un jour : « Mon seul rival international c'est Tintin. » Il a péché par mégalomanie car aujourd'hui un album de Tintin se vend toutes les deux secondes et demi dans le monde. A notre connaissance les Mémoires d'espoir du Général n'atteignent pas le millionième de cette gloire.

Si j'avais eu plus de place, j'aurais pu m'étaler sur le whisky du capitaine Haddock, nommé Loch Lomond, du nom d'un lac écossais où je me suis baigné ivre mort il y a quelques années... A suivre!

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