mardi 11 novembre 2014

Un regard sur MODERATO CANTABILE, de Marguerite Duras

MODERATO CANTABILE, "une beauté curieusement singulière"



Si je devais comparer cette histoire à un objet, je dirais sans hésitation qu’il ressemble à un véritable ressort. Les actions s’enchaînent, le paysage tourne puis revient, c’est une longue spirale répétitive et monotone : les leçons de piano de l’enfant, les rendez-vous au café, la description du ciel changeant… 
Mais cette musique ennuyeuse qui tourne en boucle, finalement, que nous apporte-t-elle ?
On sort de ce roman exactement par là où nous sommes entrés. Qu’a-t-on appris des personnages au fil du livre ? Il n’y pas d’histoire concrète, on n’est jamais sûr de ce qui se passe véritablement, des sensations floues des personnages… Cela est dû sans doute au style de l’auteur qui semble être empli d’anomalies d’écriture : les temps des verbes sont mélangés, des phrases parfois n’ont pas de sens, des paragraphes n’ont aucune ponctuation alors que le suivant en a excessivement…  
C’est un roman assez étrange mais cependant très original qui demande une profonde attention. En effet, les conversations entre Anne et Chauvin sont difficiles à suivre. On ne sait pas toujours qui parle. D’ailleurs, leurs conversations sont assez étonnantes, ils inventent l’histoire d’un crime passionnel qui les captive. D’une certaine façon, cette histoire invraisemblable se rapproche de celle qu’ils sont en train de vivre.
Chauvin est un homme inquiétant, qui est-il au juste ? Je me suis demandée pendant un instant si ces rendez-vous n’étaient pas seulement une illusion de Anne, si son ivresse ne la faisait pas halluciner… Quelque chose m’a frappée également dans ce roman, les mains sont souvent mises en avant tout comme le ciel. Ces éléments doivent faire partis du ressort. Je trouve que c’est une touche élégante.
De plus, l’enfant et les leçons de musique n’ont aucun rapport avec Chauvin et le crime… Il y a deux histoires différentes qui ne s’achèvent pas, je me suis sentie abandonnée par le narrateur à la fin car j’attendais des réponses que je n’ai pas eues ! Ce livre, c’est comme un avion qui passe dans le ciel, qu’on regarde lentement et dont on ignorera toujours la destination. 
En outre, Je me dis qu’avec un peu de recul, ce roman a tout de même quelque chose de spécial, c’est un roman qui détient une certaine beauté. 
Une beauté curieusement singulière…                                                        
                                                                                    
                                                                                                                             Clara P